Lancés en janvier 2022 en Seine-Saint-Denis, les cercles de lectrices féministes proposent plusieurs rencontres mensuelles autour d’un thème lié au féminisme. Les règles sont simples, il suffit de choisir un livre en écho avec la thématique proposée, de sélectionner un extrait et de le lire à voix haute. Sa fondatrice Marine Bourgeois proposera une session dimanche 25 septembre au Diable au Corps à Rouen. Elle nous explique la genèse de son projet et les engagements qui la motivent à entretenir ce moment de rencontre privilégié pour celleux qui ne peuvent pas toujours prendre librement la parole au quotidien.
Après un parcours dans les domaines de l’imprimerie et de l’édition et certaines lectures déterminantes sur le féminisme, Marine décide de fonder un évènement récurrent à mi-chemin entre le book club et le cercle de parole. Les Cercles de Lectrices Féministes sont nées. Constatant un certain succès lors de ses premières rencontres en Seine-Saint-Denis puis en visioconférence, elle est rapidement invitée dans d’autres villes notamment à Tours, Chartres et Rouen. Le Diable au Corps semblait être le lieu idéal pour accueillir cette prochaine session. Sur sa page Facebook elle explique :
« Les premiers Cercles ont eu lieu chez moi. Aujourd’hui que des librairies, des tiers-lieu, des cafés me font confiance, je garde en tête la place première de l’hospitalité dans ma démarche. Je trouve qu’elle englobe des valeurs plus féministes, ou même du jargon plus militant même si elle est reliée à la figure de « la maitresse de maison ». On adore détester cette figure qui ramène au foyer, à la prison de nombre de nos grand-mères. Mais plutôt que de la mépriser, je préfère saluer ce que je lui dois et la reconnaitre comme compétente. Créer un climat de sécurité et de chaleur humaine, être responsable du bien-être des personnes qui ont passé le seuil. Respecter l’intégrité et l’autodétermination de mes invité·e·s c’est un peu relié, dans mon esprit, à l’hospitalité. Et je célèbre cette qualité d’autant plus que je ne suis plus assignée à cette seule fonction dans ma vie de femme ».

Les Cercles sont par ailleurs en mixité choisie sans hommes cisgenres. Marine nous confie que ce choix ne plaît pas à tous les lieux ce qui limite les partenaires avec qui elle peut travailler. Si le communautarisme exclusif entre hommes cis blancs a toujours existé et existe toujours de façon ostentatoire au sein de notre société, celui-ci ne semble pas causer tant d’émois… Dès que des minorités essaient de se regrouper dans des lieux pacifiés et propices à leur laisser une parole libre, il semblerait que les bonnes vieilles rengaines paternalistes refassent toujours surface. C’est que les dominants n’aiment pas perdre le contrôle sur leurs outils de domination et crient au scandale à la moindre tentative de réappropriation par les minorités de leurs espaces et de leurs temps de parole. Même s’il semblerait que quelques progrès aient été fait ces dernières années, le travail à accomplir pour changer les mentalités semble encore colossal.
« L’idée c’est de laisser s’exprimer les personnes qui s’autocensurent au quotidien sans avoir peur du jugement puisqu’ielles sont en compagnie d’autres individu.e.s qui comprennent les rapports de domination qui s’exercent sur elleux. La société, l’éducation, les médias, etc. ont longtemps favorisé et favorisent toujours la parole des hommes cis et les espaces pour les femmes et les communautés LGBQIA+ sont encore trop rares », nous explique Marine.

Sur la question de l’Exil qui sera abordée au Diable au Corps, Marine l’envisage tout d’abord sous l’angle de celleux qui quittent leur pays pour des raisons géopolitiques, écologiques, sanitaires ou la discrimination dont ielles sont victimes en fonction de leur genre et/ou de leur orientation sexuelle. « Je pense aussi que celleux qui quittent leur foyer dans leur propre pays parce qu’elleux sont victimes de violences physiques et/ou morales sont également en exil et évidemment que cela est directement relié au féminisme et aux droits fondamentaux que nous défendons ».
Crédits Photo : Gabrielle de @_terramna_
Lien d’inscription pour la session du 25 septembre au Diable au Corps
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