Tom Cochien – (Com)post-politique et autres absurdités contemporaines

Espèce chimérique issue d’un cochon et d’un chien, l’identité de Tom Cochien interroge justement l’hybridité artistique et les formes qu’une pratique peut prendre. S’essayant à pléthores de formats : BD, fanzine, animation, GIF, sets musicaux expérimentaux, compositions, etc., il transparaît dans la forme de ses œuvres une recherche esthétique où la « monstruosité » apparente traduit une idée toute personnelle d’un art composite qui se nourrit de pourriture et de vie.

Au-delà des assemblages organiques et métamorphes que Tom Cochien expérimente transparait un certain goût pour l’absurde. C’est que, à la manière de Kafka et sa Métamorphose, les choses vivantes deviennent éminemment politiques. La décomposition est un processus biologique naturel qui structure le processus vital. Dans une analyse manichéenne, la mort est souvent perçue comme quelque chose de néfaste et de définitif. C’est en jouant avec ces représentations que Tom organise son espace d’expression.

Qu’il s’agisse de représenter le non-choix électoral du second tour des présidentielles entre le fascisme de Marine Lepen et la droite autoritaire d’Emmanuel Macron ou le visage cadavérique d’un homme en train de se reposer « tranquillement », l’apparence nécrosée de ses personnages questionne sur ce qu’il nous reste d’humanité. Dans le premier cas, il semblerait que les deux candidats au trône de la monarchie présidentielle se vident de toute substance humaniste, à l’image de leurs discours mortifères. Dans le second, on pourrait identifier toute une génération qui, dans l’attente d’un changement de paradigme sociétal et dans la mise en scène d’un culte de la « coolitude », se décompose inexorablement.

Qu’attendons-nous alors pour empêcher la fin du monde ? Rien, sinon celles et ceux qui s’accrochent au pouvoir tels des vampires et réduisent nos idées concrètes à une faiblesse rhétorique calibrée pour les grands médias. La préservation de la nature étant certainement le plus grand défi que notre espèce ai eu à relever, Tom Cochien lui réserve une place de premier plan dans son travail. « J’aime montrer comment la nature résiste à l’humanité. Je pense qu’elle nous résistera dans tous les cas et que c’est notre propre disparition que nous précipitons » dit-il, un peu fataliste. Pour plus de légèreté, on pourrait penser aux aventures de Koelus Karl, petite plante d’intérieur éprise de questions existentielles mais également à l’univers musical très végétal de son créateur. Son label Lonely Ficus fait en effet la part belle aux plantes de toutes sortes, leur consacrant des « bandes originales » très personnelles. Les albums Jardin Souterrain, Palmetum, Fluffy Fern ou encore Shade Garden nous entraînent dans une Lo-Fi foisonnante.

Dans ses mises en scène de la nature, la décomposition est souvent propice au terrain fertile de la vie et de l’art. C’est peut-être d’ailleurs ce qui isole l’humain de la nature aujourd’hui ; le refus d’accepter que les choses meurent, n’en déplaise aux délires transhumanistes. Accepter la lenteur aussi ; celle des plantes par exemple, et accepter que les choses poussent et évoluent à leur rythme. Voilà la ligne directrice que l’on peut retrouver dans le travail de l’artiste, que ce soit en musique, en vidéo ou sur le papier. C’est du moins ce qui a inspiré l’auteur de cet article. Le reste nous vous laissons le découvrir par vous-mêmes.

Dans le cadre de cet article, découvrez un set inédit de Tom Cochien publié sur DTRadio :