Alors que le secteur de l’intermittence est frappé de plein fouet par les mesures de l’état d’urgence sanitaire, que des compagnies mettent la clé sous la porte, que des artistes ne peuvent plus se produire et que les musées comme les cinémas sont toujours fermés en dépit de protocoles sanitaires déjà éprouvés, le collectif rouennais Art en Grève appelait, ce jeudi 4 février, à une première grande journée d’action pour interpeller les pouvoirs publics et exiger des réponses concrètes.
Un premier rassemblement s’est tenu sur le parvis du Musée des Beaux-Arts à 10h00. Nous avons pu assister à des lectures poétiques et théâtrales émouvantes pleines d’à propos, à des performances de danse et à un (trop) bref concert venus rappeler à l’ensemble de l’audience à quel point pouvaient nous manquer ces moments d’émotion, de communauté, de sens commun et de partage ; venus rappeler, en somme, l’inanité d’une existence sans arts. « Non-essentiel« , disaient-ils pourtant.
À 11h30, le cortège de la manif interprofessionnelle vint rejoindre un cortège intermittent déterminé à se faire entendre afin de former un bloc intersectoriel uni. On le vit défiler, en musique toujours, jusqu’à la préfecture, où se tinrent plusieurs prises de parole démontrant avec conviction la nécessité d’une mobilisation sociale. « Les intermittents crèvent et aucune solution n’est proposée par le gouvernement », dénonce-t-on. « Ce qui est dramatique, c’est que des protocoles sanitaires existent et ont déjà démontré leur efficacité. On laisse les écoles et les métros ouverts, mais pas des lieux de représentation qui accueillent 50 spectateurs ? Il faut être sérieux, ici, on parle de personnes qui sont réellement en train de tout perdre ».
Vers 13h00, une fois le cortège dispersé, c’est à la Halle aux Toiles que le rendez-vous fut donné pour une Assemblée Générale des intermittents en présence de nombreux directeurs de salles rouennaises, de professionnels de la culture et de quelques salariés venus d’autres secteurs. L’objectif : s’organiser sur le long terme pour rééquilibrer le rapport de force sur les questions salariales et sociales ; trouver des solutions pour une réouverture éventuelle dans le strict respect des mesures sanitaires, surtout si une « année blanche » n’était pas reconduite (elle s’achève, pour l’heure, en août) ; échanger, enfin, sur les situations personnelles de chacun dans un secteur où les disparités de statut et de revenus sont nombreuses. Avant d’envisager d’autres actions à venir, afin de porter la voix des nombreuses victimes d’une gestion de crise qui ne manque pas d’interroger. Rendez-vous est donc pris.