« Errance d’une vie citadine. Cycles menstruels, rêves, confidences et pompe à essence… »

Adèle Georgelin est comédienne. Comme tous les gens de sa profession, l’année 2020 n’aura pas été le meilleur cru pour s’investir dans un projet. Elle réfléchit depuis longtemps à un format qui pourrait lui correspondre et le podcast lui apparaît comme un terrain de jeu idéal pour s’exprimer artistiquement. Cela tombe très bien, car ARTE Radio propose justement un concours avec pour thématique : Cet été-là. Elle commence alors à recueillir des témoignages auprès de ses ami.e.s, des anecdotes, des paroles… mais le résultat ne semble pas correspondre à ce qu’elle veut réellement transmettre.

Alors que la date butoir approche à grands pas, elle change son fusil d’épaule et entreprend de rassembler ses propres témoignages de façon compulsive, comme des petites capsules de vie qui se répondraient entre elles. Le tout est bouclé en trois jours et le fichier envoyé quelques minutes avant la deadline avec pour seul titre et descriptif : « Sans filtre : Errance d’une vie citadine. Cycles menstruels, rêves, confidence & pompe à essence. », 15 jours plus tard, le jury lui délivre le second prix du concours :

« Le jury a été séduit par l’aspect brut et inventif de ce podcast, composé comme un cut-up à partir de bribes de messages enregistrés au smartphone. Jouant sur une esthétique du son trash et pris sur le vif et sur un montage souvent surprenant, la réalisatrice nous plonge dans son quotidien, celui d’une jeune femme d’aujourd’hui, sa vie citadine, ses errances, ses rêves et ses confidences. » (ARTE Radio, 15/09/2020)

« Je n’avais pas du tout prévu d’aller vers ce format, me confie-t-elle, je crois que c’est la pression du dernier moment qui m’a permis de trouver la créativité. Je ne savais même pas si ma proposition collait vraiment bien au thème. » Lorsque je lui demande comment ont été sélectionnés et compilés ces moments d’intimité, la réalisatrice préfère garder ses secrets de fabrication. Fiction, réalité ou les deux ? Le mystère reste entier. L’intérêt, il est vrai, porte avant tout sur le format et le rythme insufflé par un montage nerveux et volontairement décousu. L’auditeur a comme l’impression d’écouter défiler des messages sur un téléphone qu’il aurait trouvé. Il tisse, entre chaque moment, le portrait abstrait d’une vie qui lui échappe et l’intrigue. La spontanéité du podcast offre un résultat détonnant et souvent très drôle.

Adèle réfléchit bien entendu à transformer ce premier essai. « J’ai eu beaucoup de retours positifs de mon entourage et des gens me demandent la suite. Je ne suis pas encore certaine de ce que je vais en faire mais ça pourrait être intéressant de trouver une thématique particulière à travers ce même format. »

On imagine en effet des épisode déclinés à l’infini, avec peut-être un sujet particulier, un fil d’Ariane ou alors quelque chose de brut, de chaotique, de direct, en bref : sans filtre