Dans un écrin de verdure, où non loin s’écoulent les eaux du Robec, se tient chaque année un rassemblement qui évoque, de prime abord, une grande fête de voisinage. Il semblerait d’ailleurs que certains joggers intrigués n’osent s’y aventurer. Il s’y trouve pourtant une petite parenthèse enchantée, suspendue là, le temps d’un week-end. Si le Petit Evénement Bucolique célèbre cette année sa sixième édition, il conserve l’esprit de ses débuts et souhaite célébrer l’expérimentation artistique, la rencontre et le partage autour de thématiques diverses et variées. Ouvert aux petits et aux grands, professionnels et amateurs, la compagnie nez à nez en liberté et les jardins de l’astéroïde y accueillent tous les curieux au Centre de Loisir du Petit Prince.
« C’est un lieu où les artistes peuvent essayer, tenter, expérimenter », nous confie Hélène Rousselle, co-organisatrice du festival et elle-même comedienne, clown et marionnettiste. « Mais il y a aussi quelques spectacles qui ont déjà été joué, des concerts, des débats, des projections, un atelier d’écriture, des contes, un atelier d’origami, un spectacle de marionnettes, une visite commentée des lieux…«
Difficile de décrire parfaitement cet événement tant il se distingue par sa singularité et sa nature protéiforme. Il n’y a qu’à lire le programme et ses horaires, jouant le jeu d’une précision de gare toute relative, avec pour exemple ce samedi à 17h18, un foot harmonique décrit comme étant « un match concert d’anthologie partagé par un chef d’orchestre et deux commentateurs au pupitre ». Plus tôt en matinée, à 10h07, les bébés pourront venir découvrir avec leurs parents le concept de la sieste électro et ses « douces vagues sonores ». Un moment de détente à partager avant de se laisser tenter par une programmation bien remplie.
Affiche réalisée par Stéphane Humbert-Basset
Nous n’en dirons pas plus, le petit événement bucolique ne semble pas se résumer dans un article mais doit plutôt se vivre. « L’année dernière le festival avait eu lieu au lendemain de l’incident de l’usine Lubrizol », raconte Hélène, « Cela nous avait fait un bien fou de nous retrouver. Cette année le contexte est encore très particulier puisqu’il fait suite au confinement, dans un cadre encore compliqué où les normes sanitaires sont à respecter. Mais je suis certaine que ce genre d’initiatives permettent de recréer du lien et de s’évader. J’espère que cela inspirera d’autres événements de ce type dans d’autres lieux ».
En effet, les temps sont durs pour le spectacle vivant (et le milieu culturel en général) à l’heure du Covid-19 où bon nombre de spectacles sont annulés. Il aurait même été évoqué par les autorités le port du masque pour les comédiens, ce qui priverait celles et ceux dont le travail s’incarne dans le mouvement du corps, l’usage de la voix et les expressions faciales. Rassurez-vous, Le Petit Événement Bucolique prendra toutes ses dispositions pour (faire) respecter les règles sanitaires tout en laissant ses artistes à visage découvert le temps des prestations. La plupart des activités auront lieu en plein air et ce sera l’occasion de retrouver un peu d’insouciance et de liberté pour finir l’été sous un ciel qui devrait se montrer très clément.
Dans Ton Rouen 